Retour sur la 9e cérémonie du DEC : Les lauréats du « Prix Entreprise » témoignent !
Pour les 1136 nouveaux diplômés de la 9e cérémonie de remise du diplôme d’expertise comptable (DEC), une nouvelle vie a commencé. Même si ECE représente les diplômés en entreprise, dans l’administration et l’enseignement, l’association leur recommande fortement de tenter leur chance et de profiter de leur jeunesse -ou de leur maturité pour les plus anciens-, en s’installant ou en s’associant. Entreprendre doit être d’autant plus facile pour eux qu’ECE est prêt à les accueillir, s’ils devaient évoluer en dehors de la profession libérale. Au cours d’une carrière professionnelle, l’alternance entre le cabinet et l’entreprise, est naturelle pour un diplômé d’expertise comptable. Elle est de plus en plus fréquente dans les deux sens.
Chaque année, à l’occasion de la cérémonie de remise du DEC au palais des Congrès de Paris, des diplômés sont mis à l’honneur et montent sur scène devant plus de 3500 spectateurs. C’est dans ce cadre que l’Institut des diplômés d’expertise comptable en entreprise (ECE) a attribué pour la troisième fois, un « Prix Entreprise » à l’initiative de son président, Eric Freudenreich. Avec le « Prix du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables », le « Prix Audit » et le « Prix Infores », ce prix récompense les « meilleurs mémoires » .
Daniel et Matthieu, lauréats du « Prix Entreprise » ont accepté de répondre à nos questions. L’objectif ? En savoir plus sur leur parcours, leur projet d’avenir ou encore ce qu’ils estiment être le challenge de la profession. En bonus, Stéphane Strtak, rapporteur du « Prix Enterprise » partage avec nous ses conclusions sur leurs « meilleurs mémoires ».
Focus sur les lauréats du « Prix Entreprise »
« La transversalité de notre discipline dont j’ai pris conscience en IUT GEA, m’a donné envie d’aller au bout du cursus de l’expertise comptable, via le DCG et un Master CCA en apprentissage.
En cabinet, j’ai remarqué que des clients investissaient arbitrairement dans des placements immobiliers de défiscalisation. Ma conscience professionnelle m’a poussé à leur proposer de les accompagner dans le choix de leurs nouveaux investissements. Nous avons commencé par définir ensemble leur objectif de placement afin d’identifier les produits idoines. Nous avons pu ainsi mettre en perspective leurs besoins de diversification du patrimoine, d’anticipation de la transmission ou encore d’optimisation de la fiscalité globale. Ces nouvelles missions ont donné lieu à un guide que j’ai élaboré afin de bien structurer la démarche au sein du cabinet. C’est devenu le point focal de mon mémoire d’expertise comptable.
Une leçon tirée de cette expérience est que nos compétences, tant fiscales que juridiques, et notre pluridisciplinarité gagnent à être mieux connues de notre clientèle. Le « faire savoir » me semble un enjeu fondamental, pour que nos clients se tournent plus spontanément vers nous. Le développement d’outils pour mieux détecter les besoins de nos clients est également un atout de taille pour la promotion de missions d’accompagnement.
Un travail de pédagogie s’avère encore nécessaire pour que nos clients acceptent plus facilement de rémunérer nos conseils, notamment en matière de gestion de patrimoine où la gratuité est de mise. Cette rémunération est le gage de notre indépendance, et par la même, de la qualité de nos conseils. C’est la logique inverse du placement de produits. »
« De par la variété des missions assurées et leur positionnement stratégique, au cœur de l’économie, les professions d’expert-comptable et de commissaire aux comptes me sont naturellement parues attractives. J’ai donc opté pour la préparation du DCG et du DSCG dans une école de gestion à Nantes avant d’intégrer un cabinet d’audit et d’expertise à Angers durant 4 ans.
Mon mémoire s’est inscrit dans la continuité de réflexions engagées par le législateur avant l’élection présidentielle de 2017 et poursuivies ensuite, autour de la régulation des financements politiques. Ce travail s’est appuyé sur des échanges avec le groupe ad hoc de la CNCC et des professeurs de droit public, dont le responsable de la rubrique droit électoral de la revue AJDA (éditions Dalloz).
Après le DEC, j’ai souhaité orienter mon exercice professionnel vers le secteur public. Le master gestion publique ENA/Dauphine, obtenu en décembre 2018, participe de ce choix. Je contribue aujourd’hui à l’expérimentation de la certification des comptes locaux conduite par la Cour des comptes et aux missions d’audit conventionnel des assemblées parlementaires.
A l’heure où la démocratisation de l’accès à l’information et à la parole publique se traduit aussi par l’essor des « Fake news », comment croire que la mission d’un tiers de confiance, assermenté et indépendant, ne soit pas promise à un bel avenir ?
La préoccupation pour l’intérêt général, assortie de garanties fortes (déontologie, contrôle qualité) fonde notre singularité et notre légitimité. C’est en valorisant ces atouts que la profession démontrera aux pouvoirs publics sa valeur ajoutée et se différenciera d’autres acteurs du marché du conseil ou de la finance. C’est en valorisant ces atouts que la profession jouera un rôle politique au sens premier du terme, à savoir concourir à l’organisation de la vie dans la cité. »
Les conclusions du rapporteur pour le « Prix Entreprise »
« Le mémoire de Daniel Gouennou, « Le rôle de l’expert-comptable dans la gestion d’un bien immobilier, proposition d’un guide mission » et celui de Matthieu Sannet, « L’audit légal des formations politiques, une mission citoyenne au cœur de la vie démocratique » sont de réels apports pour la profession de part leur actualité et leur originalité. Le choix entre les deux mémoires fût tellement difficile que les deux lauréats ont été désignés, et se sont partagés le « Prix Entreprise » le 14 décembre 2018. Je profite de cette tribune pour renouveler mes félicitations pour leurs travaux conséquents et réussis.
Le mémoire de Daniel Gouennou, est très intéressant, car il peut être utile à tous les cabinets souhaitant développer de nouvelles missions. La maîtrise du sujet est un prérequis en raison de sa technicité sous plusieurs angles : patrimoine, fiscalité, juridique et financier. Tous les cabinets ont dans leur clientèle des dirigeants d’entreprise, propriétaires de biens immobiliers. Bien documenté et présenté, son mémoire s’articule en trois parties. La première a une réelle valeur pédagogique, tandis que la seconde présente de façon remarquable les diverses stratégies de gestion de biens. La troisième partie finit en apothéose avec un arbre de décision et la modélisation de l’étude. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt son mémoire qui peut vraiment permettre une application large.
Le mémoire de Matthieu Sannet permet également de développer de nouvelles missions pour certains cabinets d’audit. Toutefois, c’est un mémoire de niche compte tenu du nombre limité de partis politiques en France. Il est riche en propositions et réflexions de l’auteur. Rigoureusement présenté et particulièrement soigné, il regorge d’explications et d’illustrations. Par exemple, la présentation des différences et des complémentarités entre les contrôles de la Commission Nationale des Comptes de Campagnes et des Financements Politiques (CNCCFP) et ceux des commissaires aux comptes prévus par la CNCC est particulièrement instructive. Sa valeur pédagogique est fortement appréciable pour un novice sur le sujet, et sa lecture était à la fois un plaisir et un coup de cœur. »
RDV pour la 10e cérémonie qui aura lieu le 27 septembre 2019 au palais des congrès de Paris. Suspens…